Série moments musicaux

Par Paul RAUX et Léo Traizet, le 25 décembre 2020 12:17

Bonjour à tous,

en ce jour de Noël, les OPS lancent une nouvelle série ! Nous vous proposons des moments musicaux, pour vous faire découvrir ou re-découvrir des oeuvres proposées par des musiciens de l'orchestre. Aujourd'hui, Léo, violon solo aux OPS vous propose : "The Devil's trill sonata", la sonate du trille du Diable pour violon de Giuseppe Tartini !

L'histoire de cette œuvre est pour le moins atypique. On en trouve plusieurs versions, mais la légende la plus répandue veut que Tartini ait une nuit rêvé qu'il avait passé un pacte avec le Diable, qui était alors devenu son serviteur. Disposant de lui comme bon lui semblait, Tartini lui tendit alors son violon afin de voir de quoi le Diable était capable ; et à son grand émerveillement, le Diable joua une sonate si belle, si bien construite, si transcendante qu'il se réveilla en sursaut. Il se rua alors sur son carnet pour retranscrire cette si belle musique qu'il avait entendue en songe ; mais rien ne lui revint. À la place, il composa sa "Sonate du trille du Diable", qu'il considéra le restant de sa vie comme sa meilleure et qui de fait est l'une de ses œuvres les plus jouées 300 ans plus tard. Mais il vécut par la suite avec la frustration de n'avoir su se remémorer celle que le Diable lui avait joué cette nuit-là.

"La pièce que je composais alors est, à la vérité, la meilleure que j'aie jamais faite, et je l'appelle encore la Sonate du Diable ; mais elle est tellement au-dessous de celle qui m'avait si fortement ému, que j'eusse brisé mon violon et abandonné pour toujours la musique, s'il m'eût été possible de me priver des jouissances qu'elle me procure", écrira-t-il à l'astronome Jérôme Lalande.

Au-delà de cette anecdote, cette sonate est encore aujourd'hui une œuvre majeure du répertoire pour violon, et de surcroît une pièce techniquement très difficile. L'œuvre est découpée en trois mouvements, généralement seulement entrecoupés d'une courte pause. La sonate s'ouvre sur un thème ternaire lent, qui n'est pas sans rappeler son origine onirique. S'ensuit une mélodie binaire rapide qui reviendra à plusieurs reprises, composé de double croches ponctuées de nombreux trilles rapides, demandant une grande dextérité à la main gauche. On peut imaginer que c'est là l'entrée du Diable dans le rêve : Giuseppe Tartini passe un pacte avec le Diable, qui deviendra alors son serviteur. Le troisième mouvement alterne entre un thème lent, large, presque majestueux, et des reprises du thème du second mouvement : un dialogue s'établit entre Giuseppe et le Diable. Il met son nouveau serviteur à l'épreuve. Au fil de ces courtes reprises, Tartini développe l'idée majeure de sa sonate : les "trilles du Diable", où le violoniste joue un trille sur une corde et une mélodie sur l'autre corde, voire des trilles sur deux cordes à la fois. Cette idée mène à une cadence d'une extrême difficulté et d'une virtuosité sans pareil. L'orchestre rejoint le soliste sur les dernières mesures de l'oeuvre, qui reprennent le thème majestueux du début de ce même mouvement.

Pour écouter la sonate, c'est par ici .